
La phase diocésaine étant terminé le dossier est transmis à Rome pour être examiné par la congrégation des rites.
Phase romaine
1947-1956 : La révision des écrits et l’examen des procès diocésains sont faits par la Congrégation des Rites.
17 avril 1956 : Pie Xll suspend l’examen des procès diocésains
13 mai 1956 : Le pape Pie XII décide l’arrêt des travaux de la Cause lors du conflit entre la France et l’Algérie. La guerre d’Algérie a envenimé les relations entre la France et l’Algérie. L’Église ne juge pas opportun d’examiner les écrits d’un ancien officier de l’armée française, présent au Sahara lors de la conquête du Sud algérien.
30 mars 1967 : reprise du débat sur les écrits. Sans cette interruption, « aurions-nous fait l’effort de dépouiller Charles de Foucauld d’un habit militaire qui lui tenait à la peau et aurions-nous réussi à présenter au monde son véritable visage, ›› écrit Maurice Bouvier, celui du « frère universel » ?
1er juin 1968 : Décret de Paul Vl déclarant que plus rien ne s’oppose à la poursuite de la Cause, restant sauf le droit du Promoteur général de la Foi à présenter de nouvelles objections sur la vie de Charles de Foucauld. L’Avocat de la Cause, Me Dante, répond le 10 novembre 1975 aux objections avancées par le Promoteur.
13 avril 1978 : décret de Paul Vl décidant l’Introduction de la Cause auprès de la Congrégation pour les Causes des Saints et autorisant le passage du Procès à la « phase apostolique ».
18 mai 1979 : Décret de conformité du Procès de non-culte.
17 novembre 1979 : Dispense d’un Procès apostolique, mais la Congrégation pour les Causes des Saints demande un complément de recherche historique devant aboutir à la rédaction d’un Rapport sur la vie, la renommée de sainteté et les vertus de Charles de Foucauld (Positio super vita et super virtutibus).
1980 : Le Postulateur, Mgr Jacqueline, commence les travaux historiques en vue de ce Rapport. Ils se poursuivent avec son successeur, le P. Martin.
21 mai 1990 : Nomination de Mgr Maurice Bouvier comme postulateur
Écoutons-le :
« J’ai pris peu à peu conscience de l’ampleur du travail qu’il restait à accomplir. En fait, je m’y suis mis vraiment qu’après avoir rencontré les évêques d’Algérie venus à Rome pour leur visite ad limina en novembre 1991. J`avais grandement besoin de réfléchir à ce que leur a dit alors Jean Paul ll pour les exhorter au dialogue avec le monde musulman : « Ce fut l’intuition de base d’un grand homme de Dieu de votre région, le P. Charles de Foucauld, qui a cherché à manifester l’Évangile de façon laborieuse et cachée, dans le silence où Dieu signifie sa présence à la manière d`une “ brise légère " « (1 Rois 19, 12) [...]. Continuez à dialoguer, avec sincérité surtout, avec sérénité également, vous attachant avant tout au dialogue de la vie et des œuvres, en particulier des œuvres de “ miséricorde " recommandées par l’Évangile ››
(« Allocution aux évêques d’Afrique du Nord ››, 26 nov. 1991, dans A. A. S., 84 [1992], p. 1144)
« Dans ce climat, encouragé par les évêques d’Algérie, il m’était plus facile d`être attentif à un document que le Secrétariat pour les non-chrétiens avait publié le 4 septembre 1984 sous le titre : Attitude de L’Église catholique devant les croyants des autres religions. Réflexions et orientations concernant le dialogue et la mission. Au n°17, il est écrit : « Notre siècle a vu naître et se développer, en particulier dans le monde musulman, l’expérience de Charles de Foucauld qui a vécu la mission dans une attitude d’humilité et de silence, d’union avec Dieu, de communion avec les pauvres et de fraternité universelle. » (D. C., n° 1880, [02.09.84], p. 846). « Je me trouvais ainsi bien loin des objections sans cesse soulevées contre la sainteté de Charles de Foucauld, en particulier, celle d’être resté trop lié aux membres de sa famille, ou encore et surtout celle d’avoir été trop proche de ses amis officiers, au point que fatalement il ne pouvait être considéré que comme un espion à leur service. »
Avec l’aide de Pierre Sourisseau et de l’équipe constituée au sein des Amitiés Charles de Foucauld, en s’appuyant sur des travaux comme ceux d’Antoine Chatelard sur La mort de Charles de Foucauld, le postulateur choisit d’insister sur l’activité sacerdotale du père en Afrique du Nord de 1901 à 1916.
21 juin 1991 : Décret de validité des procès diocésains tenus de 1927 à 1939.
25 juillet 1995 : Dépôt par le Postulateur auprès de la Congrégation pour les Causes des Saints du Rapport demandé en novembre 1979, sous le titre : Positio super vita et virtutibus Servi Dei Caroli de Foucauld, presbyteri.
Un examen de ce Rapport par une commission théologique est prévu en vue de conclure ou non à la pratique héroïque des vertus du Serviteur de Dieu.
Juin 2000 : Désignation des membres de cette commission théologique.
20 octobre 2000 : La commission des 8 théologiens chargés, avec le Promoteur général de la foi, de donner un avis sur la pratique héroïque des vertus chrétiennes dans la vie du Serviteur de Dieu se prononce à l’unanimité de ses membres en faveur d’une telle pratique.
9 février 2001 : Suivant l’avis de la commission théologique, la Congrégation pour les Causes de Saints se prononce en faveur de l’héroïcité des vertus de Charles de Foucauld.
24 avril 2001 : Décret de Jean Paul ll reconnaissant « l’héroïcité des vertus ›› du Serviteur de Dieu, et déclarant Charles de Foucauld « vénérable ››.
Le postulateur ne retient, pour l`étape suivante, ni la présentation de la mort du père de Foucauld, comme celle d’un « martyr de la charité ››, ni la demande « en dispense de miracle ›› ; il choisit la voie la plus habituelle et, lui semble-t-il, la plus efficace, celle du miracle obtenu par l’intercession du vénérable.
Note : Le postulateur de la cause en béatification de Charles de Foucauld, Mgr Maurice Bouvier, explique que la Seconde Guerre mondiale puis la guerre d’indépendance de l’Algérie ont été les deux principales causes rendant « peu opportune la béatification d’un prêtre qui avait été officier de l’armée française, avant sa conversion ».
C’est pourquoi la cause, ouverte en 1927, a été ralentie de 1939 à 1945, puis quasiment stoppée en 1956. L’étude a finalement repris en 1967, lorsque le pape Paul VI a rendu hommage aux efforts du père de Foucauld pour sauver la culture touareg, alors que le gouvernement algérien semblait enclin à étouffer les minorités du pays.
L’examen des écrits de Charles de Foucauld s’est achevé en 1968, permettant de répondre à toutes les critiques qu’avaient formulées les censeurs théologiens. Si, en 1947, le procès diocésain est clos et déposé au Saint-Siège, c’est en 1978 que le procès passe directement sous l’autorité de la Congrégation pour la cause des saints. Le procès romain s’achève en 1995.